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RÉCITS DU LABRADOR


LA BÊTE PUANTE


Je n’aime pas le nom de viverra mephitis ou de mephitis americana que lui donnent les savants. Je préfère de beaucoup celui de bête puante que nos chasseurs lui ont appliqué avec tant de bon sens. Cependant l’épithète « puante » malgré sa valeur déjà très expressive, est insuffisante et doit être considérée comme un euphémisme que la pauvreté de notre langue a rendu inévitable.

Nul mot ne saurait exprimer à quel point est effroyable, insoutenable, insondable l’odeur que répand ce malheureux animal. Il faudrait créer un mot, mais lequel ? Pour le moment, mon imagination trop engourdie ne me suggère qu’une périphrase et cette périphrase, je n’ose vous la confier. Le raffinement de vos organes et l’étude approfondie des odeurs variées qui se produisent sur notre globe suppléeront, je veux l’espérer, à la pauvreté regrettable de mes expressions.

Si je n’étais retenu par la bienséance, un sentiment de méfiance compréhensible