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RÉCITS DU LABRADOR

çant dans les grandes circonstances, est garnie de poils longs et soyeux.

Ses mœurs laissent à désirer. Je la crois polygame. Elle vit quelquefois en communauté, ce qui dénoterait une certaine aberration de l’instinct et du sens moral. Elle se loge pendant l’été dans des troncs d’arbres et durant l’hiver dans des terriers naturels dont elle s’écarte très peu. Elle choisit quelquefois les soubassements de maisons, les chaffauds et alors elle devient une calamité pour les habitants, qu’elle condamne au martyr par infection.

C’est une bête inoffensive et faible, que l’on accuse à tort du meurtre des poules et des poulets, car elle vit surtout de fruits et de viandes mortes et serait la victime de tous les animaux, si la Providence ne l’eût pourvue du plus original et du plus redoutable des moyens de défense.

Ce moyen, d’une efficacité que nul de ceux qui l’ont attaquée ne conteste, consiste en une liqueur noirâtre que contiennent certains viscères placés non loin de la queue et en arrière d’un orifice innommable. Ce liquide, que les muscles adjacents projettent à deux ou trois verges de distance lorsque la mouffette est effrayée ou en colère, est la source de cette odeur renversante dont je vous ai dit quelques mots dans les premiers paragraphes de ce récit.