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RÉCITS DU LABRADOR

La bête puante a été la cause de bien des mésaventures. Permettez-moi de vous en conter une. Qui sait si votre heureuse fortune ne vous mettra pas un jour en face de cet animal intéressant ? Vous bénirez alors mon récit et répandrez sur son auteur les flots de la plus vaste reconnaissance.

— Venez-vous faire un tour à la perdrix, monsieur ? me dit, un après-midi d’automne, le pêcheur de la L. P…

— Volontiers, lui répondis-je.

— Si c’est pareil pour vous, monsieur, nous irons du côté de la plaine. Ma femme est allé y cueillir des graines et nous reviendrons avec elle. Je l’aiderai à porter son panier.

— C’est bien, Hector, gréez-vous, je vais en faire autant.

Quelques instants après, nous cheminions côte à côte le long des bois d’épinettes qui bordent le haut du plain. En automne, lorsque le soleil échauffe de ses rayons déjà faiblissants la lisière des forêts du nord, les perdrix de savane et les perdrix grises viennent quelquefois, en grande quantité, picorer les graines rouges ou airelle ponctuée qui abondent sur les terrains sablonneux que n’atteint pas la haute mer.

Ce jour-là, elles étaient assez rares et nous marchions depuis plus d’une demi-