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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/94

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RÉCITS DU LABRADOR

gentlemen au cœur simple qui viennent pêcher à la ligne le saumon dans nos rivières, — et ne manquant jamais de trouver que son cochon engraissait comme un messieur. Enfin, comme vous le savez déjà, excellente cuisinière, imbattable dans l’art d’apprêter la moniac et les têtes de morues.

— La soupe est sur la table et nous allons la manger chaude, si vous voulez bien, dit Grégoire.

Je répondis en enfonçant ma cuillère dans le potage, non sans quelque appréhension. Cependant j’avais tort. Ça ne valait pas un potage bisque, voire même une timide soupe aux choux ; mais enfin, c’était mangeable et l’on ne pouvait exiger davantage de quelques têtes de morues.

D’ailleurs, ce potage ne représentait à mes yeux que le plus futile des accessoires. Tout était dans le ragoût de moniac.

Il parut !

Cette fois, c’était parfait. La critique la plus légère eût été injuste, idiote, presque impudique. L’oiseau était cuit à l’adoration. Tendre quoique consistant. La sauce, liée savamment, très épicée et d’une couleur brune très séduisante. Je sollicitai une seconde édition, et mon impression resta la même. Ludivine était digne de sa répu-