l’histoire de la musique comme pour celle des races, à préciser nos connaissances sur les chansons du peuple ?
L’élégie est chez toutes les nations lo chant le plus en usage. Les Grecs, ces artistes qui avaient établi comme une codification dos sentiments humains, étaient dans le vrai, lorsqu’ils entonnaient après unpœan une hmentalion ; à la suite (Tune victoire, il faut bien ramasser les morts. Certes, les chansons joyeuses ont leur place marquée ; mais elles ne sauraient constituer Toriginalilé d’une poésie populaire, et le pays où cl les viendraient à dominer, n’aiirail plus, à proprement parler, de chansons et de mélodies particulières* Un air larmoyant qui flc répand cl qui émigre, laisse au pays natal sa tristesse, et il prend un tout autre caractère à rétrangcr. Un exemple, dans la Fcfjime du Marin^ tirée du recueil de Bujeaud [1] ; cette chanson est connue ailleurs que dans TOuest, même un peu partout ; mais c’est seulement sur les frontières de la Vendée qu’elle est empreinte de ce deuil et de celte résignation dans le malheur : elle est assurément originaire des provinces do rOucst. Et bien plus ; dans les rares régions où survit l’art des chanteurs primitifs, un air de fête ne va pas joyeux jusqu’au bout ; presque toujours un mineur y est associé à un majeur ; c’est une phrase musicale dont les deux membres seraient un andante et un allegro.
C’est que tout peuple garde, au fond de l’âme, une mélancolie qui se soulève au moindre efTori. L’on ne se rend parfaitement compte du sentiment intime qui soutient el anime sa poésie, que du jour où Ton a bien entendu les pauvres gens du commun chanter eux-mêmes de leur voix dolente.*. Il serait téméraire d’enseigner cette vocalise.
A mesure qu’on apprend du peuple scs chansons et scs récits, on est frappé de Tinépuisahle fécondité des sources populaires : plus on a creusé, moins on s’aperçoit qu’on ait touché le fond. On se fait bien l’idée que ce n’est pas une facile entreprise de classer ces légendes semées à l’infim el venues de tous côtés, ces chansons de tant de sortes. Peut-être est-il permis d’en
- ↑ Chansons populaires de l’Ouest, Niort, Ctouzot.
