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NOTES DE VOYAGE

du public, une réflexion morale s’appliquant au récit qui va suivre, une invocation à la Trinité, ou une prière à la Vierge. Quelquefois le dénoïiment csl annoncé, dès le début, d’une façon brève el saisissante, surtout dans les sujets pathétiques. Au dénoûmenl, la brusque interruption du récit, l’emploi des interrogations et du dialogue, sont d’un grand olVel*. Le.s transitions sont aussi absentes que chez ; les lyriques anciens. Le peuple sc plaît à ces soubresauts de la penséi ;, et un chanteur habile sait ménager le plaisir de ces surprises.

Le breton-armoricain, dont un million de celtisants se servent encore en France, est vraiment un-idiome qui se dédouble cl qui fournit une « langue de la prose » et une (I langue des vers ». On a dit que les littéralures commencent par la naïveté et fmissent par l’alTéierie, Aux époques de décadence, les nations lettrées afTccItonnent une prose incorrecte, alambiquée, prétentieuse el obscure ; quant au.x poètes, on leur a coupé les ailes,- cl la vogue est à ceux qui versent le pins dans la familiarité. Les littératures orales éprouvent, en vieillissant, une transformation diiïércate. Dans ridlomc néo-cciliquc, le stylo du récit cl de la conversation s’est peu à peu dépourvu de tout éclat ; la banalité est devenue un de scs caractères ; impuissant à rendre une foule d’idées concrètes et de notions apportées par le progrès, moderne, renonçant à former des vocables nouveaux, il s’est surchargé d’emprunts venus surtout du français. L’élégance cl le charme du beau langage sc sont réfugiés dans les vers, l^a poésie hrclonne n’a renoncé à aucune de scs richesses natives. Ce contraste est manifeste cl frappant ; et les choses vont de telle façon , qu’il est impossible de remonter ce courant. Qu’un prédicateur s’adonne au genre fleuri, qu’il abuse des métaphores ou qu’il recherche les mois inusités el sur lis de la circulation, l’assistance sourira, comme à tout beau parleur ; cl le sermon fini, les paysans de murmurer : « Il no nous vaut pas M. vu tel. En voilà un, celui-là, qui cause comme nous Dana LamenDaU (Le.v Patvies rVun dialogüe célèbre :« Jenne aoldüt, où vns-tM ? » ii’eat qu^tino réniiaiscence de la poèaie populaire. i 1 .

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