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CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

autres, et qui n’apprend pas scs prédications dans les livres !... » Mais qu’un chanteur ne présente jamais sur la place du bourg un sonn qui fasse à quelqu’un s’écrier : « J’en composerais bien autant. » Car chacun hausserait les épaules, et l’on passerait outre. La foule qui s’arrête pour écouter, ne sc contente pas longtemps des vulgarités de la rue. Les masses populaires aiment qu’on les remue. Volontiers le peuple prierait ce mendiant qui chante debout au milieu d’un vaste cercle humain : « L’aumône d’une belle chanson, s’il vous plaît ! » Ces braves gens savent qu’un barde . est un inspiré ; il csl doué comme voué ; il contient en lui le génie de la race, cl l’cspril des ancêtres doit quelquefois le visiter ; il aie dépôt des traditions locales. Par les grands chemins où se passent les trois quarts de sa vie, le haher-bro a entendu les souffles qui vont el viennent aux quatre coins du ciel ; peut-être ces voix aériennes s’cntreliennonl-clles avec des paroles magiques , dont le barde seul a le sens. Dans sa chanson à lui maintenant il rapportera des termes que nul ne saisira ; mais ils étaient connus des aïeux ; l’héritage en est sacré, et on les répétera fidèlement, comme une prière d’église, sans les comprendre.

Les poètes bretons ne vont pas jusqu’à adopter un vocabulaire spécial ni une syntaxe particulière. Mais il est des temps du verbe, par exemple, qu’ou ne rencontre guère que dans la langue rimée ; ainsi de certains tours et des inversion.s spécialement, qui sont en poésie d’un emploi fréquent et rigoureux. Des grammairiens ont été amenés à établir entre le brelonarmoricain et le latin ou le grec do tels rapprochements, qu’une syntaxe unique leur a semblé bonne à ces trois idiomes. Leur erreur constitue une double faute de linguistique et d’ethnologie. Issus de la grande famille aryenne, comme les Pélasgcs, les Celles ont formé un groupe ethnique à part : aussi bien les lois que la civilisation et la langue de ces peuples divers ont subi dans leur développement, sont loin d’avoir été communes. Aucun rapprochement non plus entre leurs destinées. Les Latins, à la suite des Grecs, ont disparu depuis quatorze ou quinze siècles. La survivance des Celtes, malgré (‘/J

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