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NOTES DE VOYAGE

la dispersion et sous le joug de races tout à fait étrangères, voilà un problème où les données sont encore incertaines. N’est-ce pas aider à le résoudre, que do recueillir les chants des Bretons actuels et de noter les échos qui sont parvenus, quelques-uns restés peut-être depuis les antiques clans celtiques, jusqu’à notre génération ?

Elles sont nombreuses, les difficultés qu’on rencontre à surprendre an vol cl à fixer les capricieux élans de la vocalise populaire. Une même poésie peut être connue sur des airs dilTérenls ; s’il arrive que le chanteur ne sache pas ou ait oublié la mélodie oi’iginale, il en imagine une autre, séance tenante, cl sans le moindre scrupule. D’autres fois, la musique a pu s’altérer, aussi bien que les paroles, avec le temps, ou d’une eoiUrée à une autre. Je rapporte deux versions des Pnères, ■

Ufléniièi’p. de Kéronlaz, dans le « Barzaz-Brciz », est à peu près la mélodie (u“ 2) de ces Prières : les motifs et la phrase sont demeurés les mêmes. Il y a plus loin de la Chansoii du Pilote [«. Barzaz-Breiz ») à saint Kadok, do r/i’«/er (« Barzaz-Breiz »), à la Tourterelle inconsoliible ; mais la parenté est évidente. Nul rapport entre Jj’z-Jireiz et Lezobre, malgré l’origine commune de ces deux chansons. Dans le « Barzaz-Breiz » encore, les Miroirs d’argent sont une variante de Merlin au bereemt, du même recueil, el la mélodie des Miroirs est inférieure.

Une même chanson ne sc dira pas de la même manière en marche qu’en repos ; lo roulicr, sur la route, observera les points d^orguc que le tailleur ou le menuisier négligeront, au bout de chaque membre de phrase ; il fait avec la voix, comme avce le fouet, sonner les échos. Et il ne marque pas mieux le pas qu’il n’observe la mesure, lorsqu’il exécute un deux-temps ou une marche ; c’est justement tout le contraire qui a lieu ; il lui semble même que plus la mesure est brisée, plus le sonn ou le gwerz sont pour lui dans « le vrai ton ». Certains chanteurs entonnent avec feu et jactance, d’une allure exceptionnelle. Le début est alors chargé de petites notes dagrément. Dès le deuxième couplet, l’air « revient au naturel », disent-ils, pour n’en plus sortir. I ’