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NOTES DE VOYAGE

L’art comporte des geores secondaires, même des genres inférieurs sur lesquels tombe un dédain souvent exagéré ; ainsi, pour citer des classiques, les Romains avaient relégué les AteUanes iropitoyablcmeul hors des murs ou dans les faubourgs. La chorégraphie populaire passe sans doute aux mêmes rangs, el l’on encourrait le reproche de futilité en n’évitant pas quelques détails, pourtant si pleins d’intérêt en pareille matière. Dans certaines Études sur la Bretagne, dont l’auteur persiste depuis cinquante-cinq ans ù garder l’anouyme, j’ai souligné une formule devenue proverbiale pour exprimer l’irrésistible tentation dont est suivi le sonneur : « C’est que les trépassés se lèveraient pour sauter eux-mêmes, s’il allait à minuit jouer de la bombarde dans le cimetière. » Simplement, cela signifie qu’il existe une parfaite convenance entre cette musique et ces instruments, entre ces musiciens surtout et cc public : ce dont on sc rend compte, dès la première fois qu’on a vu les ménétriers sur leur tonneau, marquant du pied bruyamment chaque temps de la mesure, tout le corps penché suivant la cadence de l’expression qu’ils savent y mcllrc, guidant de l’œil les ébats, soufflant un continuel allegro vimiee à se rompre les veines, s’ils ont aperçu quelqu’un qui « mène la ronde à la guise d’autrefois ». On n’est pas étonné que lo pûsse-pied ou la ronde des Bretons aient eu le mémo renom que le menuet sous l’ancien régime, lorsqu’on en a constaté la tradition dans quelques coins de la Cornouaiile.

On trouvera plus loin une trentaine d’airs de danse.

Ce sont les mélodies les plus connues, de Saint-Nicolas-du-Pélem à Carhaix, de Cléguerec à Tréguier. Quelques-unes sont si populaires qu’elles ont un nom en propre, un surnom plutôt, acquis par la vulgarisation, le bal n" 12, c’est l’air fameux de « Finislcrc dans la ronde n* 3, qui ne reconnaît la chanson dVln» hmi goz ? Et par ces trois mots-Ià, répandus comme un dicton, tout le monde hors de Bretagne désigne un bretofinant ’. Tel air est plus afTectionué en certaine région,

1* Ann hini goz, sorte de chanson nationale des Bretons, se dit en majeur et en mineur : j’ai noté Tair de danse, comme je l’ai entendu.