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Page:Querlon Verrier - La Princesse a l aventure, 1904.djvu/78

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Elle releva la traîne de sa robe et me fit voir, en pleurant, ses jambes mutilées.

Je m’attachai à ma nouvelle maîtresse. Elle était belle comme la reine Anaïs, qui, comme on sait, est la plus belle des femmes. Je la portais dans mes bras pour la baigner dans le bassin carré. Je la parfumais d’huile douce. Je l’habillais de robes de mousseline empesée et je la portais sur la terrasse d’ou !’on voyait le jardin entre les orangers en caisses et les vases de fleurs. Elle s’asseyait sur un petit tapis de soie ; elle appuyait sa joue contre le balustre et elle regardait les paons, les faisans dorés et les poules qui marchaient sur les pelouses vertes.

Alors je jouais de la mandoline et je chantais doucement :

Moin té assise lassu bassin la geole, ché ;
Moin ka vouai veni une mouche à miel
Mouche à miel là piqué lèvre à moin, ou tane ?
Moin bien comprendre cé Bouboule à moin qui envoyé li.

Et elle pleurait.