Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/145

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et en guise de crêpe, ils y mirent du coton d’encrier, lequel figurait très bien. Ils m’ôtèrent ma fraise et mon haut-de-chausses et me donnèrent en place des chausses raccourcies, avec des découpures seulement par devant, car les côtés et le derrière étaient de peau de chamois. Les bas d’attache de soie n’étaient pas à proprement parler des bas ; ils n’arrivaient pas à plus de quatre doigts au-dessous du genoux, et ces quatre doigts étaient couverts d’une guêtre qui était juste sur un bas de couleur que j’avais. La fraise était toute ouverte uniquement à force d’être déchirée. Ils me la mirent en disant : « La fraise est difforme par derrière et sur les côtés, mais lorsqu’on vous regardera, il faudra que vous fassiez avec elle comme le tournesol. Si deux personnes vous regardent de côté, gagnez au pied, et pour ceux qui vous verront par derrière, portez toujours le chapeau baissé sur le chignon, de manière que le bord cache le col et découvre tout le front. Dans le cas où quelqu’un vous demanderait pourquoi vous allez ainsi, répondez-lui que c’est parce que vous pouvez aller la face découverte par tout le monde. » Ils me donnèrent une boîte avec du fil noir et du blanc, de la soie, de la ficelle, une aiguille, un dé, de mauvais morceaux de drap, de toile, de satin, et d’autres choses pareilles, enfin un couteau. Ils me mirent à la ceinture une écuelle, et dans une bourse de cuir un briquet et de la mèche, en me disant : « Avec cette boîte vous pouvez aller par tout le monde, sans avoir besoin ni de parents, ni d’amis :