Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/271

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La première figure consiste en deux carrés, l’un inscrit parallèlement dans l’autre. Du centre commun, marqué par une intersection part une demi-diagonale qui aboutit à l’un des angles du carré inscrit. Au-dessous :Par chu fait om on clostre, autretant es voies com el prael ; « ainsi fait-on un cloître, tant pour les galeries que pour le préau. »

Il y a ensuite pour seconde figure, un carré dans les quatre angles duquel sont disposés quatre pentagones ayant chacun trois angles droits, car leur forme est celle d’une équerre de dessinateur tronquée sous ses angles aigus par des lignes perpendiculaires aux côtés qui inscrivent l’angle droit, et l’un des angles obtus que cette section a produite sur l’hypoténuse, indique la direction des diagonales du carré. L’intersection des diagonales est marquée par une petite croix au milieu de la figure. Légende :Par cu assiet om les iiij. coens d’on clostre sens plonc et sens livel ; « manière d’établir les quatre coins d’un cloître sans plomb et sans niveau. » Je conjecture d’après ces mots que la méthode proposée consistait à tirer d’abord une ligne droite de la longueur qu’on voulait donner à un côté du cloître, puis à établir successivement les trois autres côtés, au moyen de patrons de bois dont le dessin nous représente la forme. Ces mêmes patrons donnant aussi la direction des diagonales, fournissaient de quoi s’assurer que le tracé du carré était bon.

Mesurer la largeur d’une rivière sans la passer (fol. 20 r.). Une rivière figurée en plan, un point marqué sur l’une de ses rives, et de l’autre côté un instrument à prendre les angles :Par chu prent on la largece d’one aive sens paseir.

Le mérite de ce dessin et de ceux qui le suivent, est de prouver qu’au XIIIe siècle, nos praticiens usaient déjà de la méthode trigonométrique des sinus professée par les Arabes. Leur manière d’opérer était d’ailleurs très imparfaite. Le graphomètre dessiné par Villard de Honnecourt se compose de deux règles fixées en arbalétriers sur deux traverses, de sorte qu’on avait la base et deux angles du triangle auquel il fallait dès lors accommoder par des tâtonnements infinis le point saillant qu’on lui donnait pour sommet.

Un instrument analogue (même folio), mais assemblé en quadrilatère rectangle, s’employait pour déterminer à distance la largeur d’une fenêtre, ou, pour parler d’une manière plus générale, l’écartement de deux points fixes. La légende dit :Par chu prent om la largece d’one fenestre ki est lons.

10° Mesurer la hauteur d’une tour (fol. 20 v.). L’opération se faisait d’une façon aussi peu commode que la précédente, au moyen d’