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Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/272

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une équerre-triangle qu’il fallait hausser, baisser, rapprocher, éloigner, jusqu’à ce qu’on l’eût mise à son point pour aboutir au sommet de l’édifice. La figure, pour donner une idée de ces tâtonnements, représente l’équerre élevée sur une tablette à ses pieds pendant que l’opérateur, couché par terre, en mire l’hypoténuse dans le sens des créneaux de la tour. Légende :Par chu prent om le hautece d’onetoor.



III

COUPE DE PIERRE ET MAÇONNERIE


Si j’étais parvenu à faire dire aux figures de Villard de Honnecourt tout ce qu’elles signifient, ce chapitre serait de beaucoup le plus intéressant ; on y trouverait, réduite à ses principes, la science qui a présidé à la construction des édifices gothiques les plus grandioses. Je n’ai réussi qu’à en saisir quelques traits ; mais comme ce qui est resté inintelligible pour moi, sera certainement compris par d’autres, afin que les précieuses indications de l’album sur cette matière reçoivent le plus tôt possible les explications qu’elles comportent, je les reproduirai dans leur entier, texte et dessins.

Il n’est pas inutile de rappeler pour la plus grande intelligence de ce qui va suivre, que la difficulté de toute construction en pierre réside dans les voûtes ; que les voûtes gothiques étant fractionnées en une infinité de plans appuyés les uns sur les autres, n’ont de capital dans leur économie que les membrures sur lesquelles est leur premier appui ; qu’ainsi toute la difficulté de construction de ces voûtes est réduite à celle de la construction des membrures, simples arcs de pierre, formés de pièces isolées qui s’appliquaient l’une contre l’autre sans enchaînement. J’ajoute encore que les courbes de ces membrures, étant toutes des segments de cercle, ne peuvent donner lieu à aucun problème dont on ne sorte par la connaissance du rayon, toujours si facile à obtenir.

Voilà pour la théorie. Quant à la pratique, supposez qu’ont eût à construire aujourd’hui de ces sortes de membrures ; pour en exécuter les pièces ou voussoirs, la marche serait celle-ci. On dessinerait l’épure de chaque arc qu’on diviserait comme il convient pour en tirer le dessin d’un voussoir développé sur toutes ses faces. D’après ce dessin,