Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fol. 7 r.). — Voyez la pl. X, fig. 2. Le dessin original a 226 millim. De hauteur. Il est accompagné de cette légende :Ki velt faire i. letris por sus lire evangille, ves ent ci le meltor manière que jo sace. Premiers a par tierre iij. sarpens ; et puis une ais à iij. compas deseure, et par deseure iij. sarpens d’autre manière et colonbes de la hauteur des sarpens. Et par deseure i. triangle. Après vous vees bien de confaite manière li letris est. Ves ent ci le portrait. En mi liu des iij. colonbes doit avoir une verge qui porte le pumiel sor li aile siet.

« Qui veut faire un lutrin pour lire l’évangile dessus, en voici le meilleur modèle à ma connaissance. D’abord il y a par terre trois serpents et puis un ais à trois traits de compas sur les serpents ; et par-dessus l’ais trois serpents dans l’autre sens, avec colonnes de la hauteur des serpents. Au-dessus est un triangle. Après, vous voyez assez quelle est la belle disposition du lutrin. Au milieu des trois colonnes, il doit y avoir une tige pour porter le pommeau sur lequel est posé l’aigle. »

Nouvel exemple de la pauvreté de la langue du XIIIe siècle pour exprimer les détails de l’architecture et de l’ornementation. Il est évident d’après cela, que les ouvriers faisaient quantité de choses pour lesquelles ils n’avaient pas de nom. Des six lignes de vieux français rapportées ci-dessus, il n’y a rien à tirer, sinon, que tous ces fantastiques reptiles à deux pattes que nous croyons devoir distinguer en dragons, chimères, salamandres, étaient pour Villard de Honnecourt et ses contemporains des serpents. Il appelle à trois compas, les contours pour l’expression desquels nous avons forgé le mot trilobé.

Voir ci-dessus, p. 251, le mécanisme proposé pour faire mouvoir la tête de l’aigle pendant la lecture de l’évangile.

3. Croix monumentale (fol. 8 r.). — Pièce de sculpture à mettre probablement dans une chapelle ou derrière un maître-autel. Elle est ainsi composée. Une colonne courte et massive, à base attique et montée sur un socle, porte à son sommet, au lieu de chapiteau, deux immenses volutes en feuillage qui s’écartent comme les branches d’un γ. Sur la volute de gauche est placée une statue de la Vierge éplorée ; sur celle de droite une statue de saint Jean. Entre ces deux personnages, dans l’axe de la colonne, un crucifix tout à fait conforme à celui qu’on a décrit ci-dessus, p. 283. Les figures sont de la grandeur du fût de la colonne, et le monument dans son ensemble offre d’assez belles proportions. Au-dessus du dessin sont moulés en lettre onciales