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Page:Quincey - Confessions d'un mangeur d'opium, trad. Descreux, 1903.djvu/32

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XXVI
AU LECTEUR

latente, la phtisie pulmonaire, ce fléau si redoutable en Angleterre. Je dis que si l’opium possède ces quatre propriétés ou quelques-unes d’entre elles, tout agent qui justifie d’aussi belles prétentions peut, quel que soit son nom, se refuser fièrement à entrer dans la classification et à subir le traitement que l’on impose à l’opium dans les livres, je dis : que l’opium ou tout autre agent d’égale puissance peut affirmer qu’il a été révélé à l’homme pour un but plus élevé que de servir de cible à des dénonciations morales ou suggérées par l’ignorance, sinon par l’hypocrisie, — qu’il devrait être élevé à la dignité d’épouvantail scénique pour mettre en fuite les terreurs superstitieuses ; car celles-ci n’ont le plus souvent d’autre résultat que d’ôter à la souffrance humaine ce qui la soulagerait le plus promptement ; leur objet est : « d’amuser les enfants et de fournir des textes de compositions littéraire » (ut pueris placeat, et declamatio fiat).

En un sens, et de loin, tous les remèdes, tous les modes de traitement médical nous sont offerts comme analgésiques, leur but définitif étant de soulager la souffrance qui est la suite naturelle des maladies et des infirmités. Mais nous n’employons pas le mot d’analgésique dans son sens propre et ordinaire, en l’appliquant à des remèdes qui se proposent le soulagement de la douleur comme un effet secondaire éloigne, consécutif à la guérison du mal. Ce mot ne s’applique avec justesse qu’aux remèdes qui produisent ou poursuivent ce résultat comme but premier et immédiat. Lorsqu’on administre des toniques à un enfant qui soufre pério-