rue s’est posée sur son toit pour lui demander des nouvelles, et le vent du soir lui crie sous la fente de sa porte : allons, Jérusalem, prophétisez-moi.
L’étoile.
Passez vite. Ce n’est pas ici.
Les Rois Mages.
Donc, c’est au bout de la terre qu’est bâti le
château de ce fils de roi ? Les villes et les
villages de maures et d’indiens, les colonnes et
les colonnades, les pyramides et les minarets,
les tombeaux des rois sous les palmiers, des
peuples dans le sable, sont le portique qui
conduit à sa pagode ; les dieux sur le chemin
sont ses messagers ; les temples de granit
et de pierre d’Afrique sont pour ses
écuyers, et ceux de marbre poli, dans l’île
de Candie, sont bons pour ses échansons ;
lui ne veut jamais coucher que sous un toit
de rubis.
L’étoile.
Fouettez vos mules ; nous approchons.
Les Rois Mages.
Belle étoile, y songez-vous ? Vous êtes-vous
égarée ? Les palais et les villes sont loin.
Le sentier meurtrit nos roues. Plus de femmes
sur les portes, plus de piques d’argent, plus
de dais ni de caravansérails, plus de
joueurs de guitare ni de cistre dans les
rues, plus de tapis sous nos mules. On ne
voit rien qu’une chaumière de chaumine
avec de petits oiseaux sur le toit.
L’escalier croule, la rampe est usée ; des
bergers tremblent d’y monter. Allons-nous-en ;
vraiment, ce n’est pas un chemin de rois.
L’étoile.
Rois, à genoux. C’est ici.
Petits Oiseaux Sur Le Toit,