Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/120

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laver les pieds, quatre rois couleur de bronze pour vous les essuyer.



Un Berger.

Adieu, notre maître, maître vendangeur, qui remplissez votre calice de tous les pleurs de la vigne ; adieu, notre maître, maître bûcheron, qui mettez à votre couronne toutes les épines de la terre. Après le roi de Babylone et le roi de Perse, si nous montrions nos présents, nous serions méprisés, moqués de nos hoyaux, de nos chariots.



Chœur Des Bergers.

De nos chariots et de nos chars, de nos faux, de nos faucilles, de nos sillons et de nos socs.

Retournons chez nous. Femmes de bergers, ouvrez le loquet. Reprenez vos durs sayons et votre lourde cruche sur votre tête, toute pleine de vos larmes. Balayez de notre seuil les fleurs d’épines et de muguet. L’enfant-Dieu, qui devait nous faire plus riches que des mages, ne nous a pas regardés. Nous n’avions rien à lui donner dans son berceau de paille que l’aube qui blanchit dès le matin, rien que le chaume qui jaunit, rien que l’or du soleil sur notre front, rien que la rosée sous nos pieds, rien que l’alouette mignonnette sur notre tête.



Le Christ.

J’aime mieux que mille idoles d’ivoire avec les ouvriers qui les ont faites, la couleur de la rosée sous les pieds des bergers.



Les Rois Mages.

Arrière les esclaves ! Fils de roi, venez avec nous dans notre palais tout luisant de pierreries. Nos éléphants vous porteront dans des palanquins de soie. Nos peuples tiendront votre parasol sur votre tête.

Des péris de la Perse, habillées de diamant, vous berceront d’amour, mieux que votre mère dans votre étable. Du fond des