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Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/121

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citernes, du milieu des lacs, des avatars aux corps de vierges vous chanteront des chansons pour dormir ; et des sphinx couronnés de bandelettes vous conteront, le soir, dans le désert, des histoires plus vieilles que le monde.



Chœur Des Bergers.

Si vous venez avec nous, nos chemins sont durs, plus durs nos chariots. Sous nos toits, la neige tombera à vos pieds, et les rouges-gorges mangeront votre pain dans votre main en se chauffant au bord du feu. Vous aurez pour vous réjouir nos hoyaux pendus à la muraille et nos socs lassés de la journée, qui se reposent à notre porte. Des fées, grandes au plus d’une palme, vêtues à peine d’un brin de laine, toutes pauvres, toutes vieilles, mendieront le soir à votre chevet ; et des esprits follets viendront, à minuit, essayer sur leurs têtes de fumée votre couronne de dieu.



Les Rois Mages.

Dans notre pays, le soleil se lève comme un roi mage qui monte à sa tour ; le dattier fleurit et le citronnier aussi ; la gomme croît sur les arbres, l’encens sur les branches, l’amour sous la tente des femmes. Là, la cigogne fait son nid sur le toit qu’elle aime le mieux ; le sable est d’or, l’ombre sent la myrrhe ; au fond des citernes, le ciel pur se désaltère en s’y mirant tout le jour. Venez dans nos royaumes ; la mer, qui les touche, vous apportera des perles sur sa rive ; et vous caresserez, quand vous voudrez, sa verte chevelure sans la mettre en colère.



Chœur Des Bergers.

Dans notre pays, le soleil se couche comme un faucheur fatigué qui a gagné sa journée ; le pin y verdit sur le mont, le bouleau dans la forêt ; là, le nuage est noir, la bise murmure, la feuille morte sanglote à notre seuil ; et puis la chaumine soupire, la grotte pleure