Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/122

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, l’océan mène paître dans l’orage ses troupeaux démuselés ; vous aurez faim, vous aurez soif, et il n’y a rien auprès de nous, que nos chiens pour vous garder.



Le Christ.

J’aime mieux que le pays des rois le pays où la chaumine soupire, où la grotte pleure, où la feuille sanglote.

(les rois s’en vont.)



Chœur.

Trois faucons s’en sont allés en pleurant sur la montagne. De douleur, ils ont laissé tomber leur proie de leurs ongles. Leurs becs ont du sang jusqu’aux yeux, leurs serres jusqu’aux genoux. Ils ont laissé tomber aussi leur anneau d’or que le torrent emporte, que la mer met à son doigt, oui, la mer lointaine, que les faucons ne verront plus, ni les milans, ni les autours, ni les émérillons avec leurs prunelles d’éméraude.

Trois rois mages s’en sont allés en pleurant dans leurs chemins. Leurs yeux ont des larmes jusqu’aux joues, qu’ils essuient avec leurs barbes. De douleur, ils ont laissé choir leurs sceptres dans une source. De désespoir, ils ont laissé choir dans un fleuve leurs couronnes, que la vague prend, que le cours entraîne, que l’océan met sur sa tête, oui, l’océan des îles, que les rois ne verront plus, ni les reines avec eux, ni les panetiers, ni les écuyers avec leurs baudriers cousus d’argent.