Et moi ! Ma voix est le vent d’Arabie. Murailles
qu’il va secouer, portes demi-closes où il
gémit, tours dont il bat les créneaux,
feuilles du figuier qu’il dessèche, mitres
et turbans qu’il dénoue, crinière des chevaux
qu’il amoncelle comme une flamme d’herbe
séchée, vous avez entendu mon chant.
Intérieur de la ville de Jérusalem. La porte de la maison d’Ahasvérus est ouverte.
Les Frères d’Ahasvérus.
Ahasvérus, viens, rentrons dans la maison.
Fermons le loquet de la porte ; n’as-tu pas
peur du vent qui souffle et du bruit qu’on
entend dans la ville ?
Ahasvérus.
Rentrez, mes petits frères, allez dormir sur vos
nattes. Je veux rester sur mon banc pour
regarder passer la foule.
Les Frères d’Ahasvérus.
La voilà ! Sauvons-nous !
La Foule, en suivant le Christ, qui porte
la croix.
Salut au roi, au beau roi de Judée ! Menons-le
au sommet du Calvaire, pour qu’il voie de plus
loin tout son empire. Celui de Babylone, ou
d’Egypte ou de Perse, est-il jamais monté
sur un trône si élevé ? à présent, l’enceinte
de la ville n’est pas assez belle pour lui.
Quand nos hautes tours seront tombées, quand les serpents monteront à notre place par nos
escaliers, quand le désert s’assiéra à notre
table, alors il reviendra, s’il veut,