Celui de l’hôte.
Marthe.
Voici comme il commence :
« Mon hôte, d’où venez-vous ? Est-ce du pays du
lac ou de la forêt du Carmel ?
- « Je ne viens pas du lac ; je ne viens pas de
la forêt ; mon pays est plus loin.
« Qui vous a fait votre manteau si bleu ? Qui lui
a mis ce pan pour vous couvrir dans la pluie ?
- « Ce n’est pas un manteau de laine ; ce n’est
pas un pan de soie ; ce sont deux ailes d’azur
pour voler, quand je veux, au-dessus des nuages.- « Qui vous a mis sur la tête ce beau chaperon qui
reluit au soleil ?
- « Ce n’est pas un chaperon ; c’est une auréole
qui ne s’éteint jamais au vent, ni à la pluie. - « Bel hôte, montrez-moi ce que vous portez
dans le pli de votre robe.
- « Voyez, c’est une couronne de messie avec un
sceptre d’or massif ; je l’apporte à votre fils aîné, si sa tête y peut entrer. »
Ahasvérus.
Non, je n’aime plus ce cantique ; ne me le
redites jamais.
Nathan.
Que veux-tu donc, Ahasvérus ? Quand tu étais
petit comme tes frères, je te donnais une
tunique neuve ou une coupe de cèdre, et tu
chantais tout un jour sur mon banc. à présent,
où est la coupe de cèdre que le bûcheron a
creusée assez profonde dans le bois pour
contenir tous tes désirs ? J’ai deux arpents
de terre qui touchent au Golgotha. J’ai près
du sommet un pan de muraille où