Il te prendrait, sous tes créneaux, comme un aiglon de Terracine dans son nid.
Rome.
Si, pour me cacher, je m’asseyais par terre, dans
l’ombre de mon colysée, il croirait que je suis
une mendiante qui mendie mon pain d’avoine du
gardeur de chevaux.
L’Ange.
Il te donnerait dans ta main son pain de vengeance
pour ta faim.
Rome.
Si je descendais dans les volcans éteints de ma
campagne, il croirait que je suis une lave
refroidie, une écume calcinée, un peu de cendre
vomie de son cratère.
Il te ramasserait dans son tablier, comme le
laboureur, pour te semer dans son champ de colère.
Rome.
Es-tu donc sûr que tous mes siècles de vie ont
passé déjà, chacun l’un après l’autre, par ma
porte triomphale, et qu’il ne reste pas quelqu’un
de mes peuples en arrière, ou seulement une de
mes années égarées qui, en arrivant ce soir à
mon secours, pourrait encore me sauver ?
L’Ange.
Toutes tes années sont passées, tous tes peuples
sont rentrés en leur temps, quand leur soleil
s’est couché. Va porter à présent la clef de ta
poterne au maître qui te l’a prêtée.
Rome.
Alors, dis à mes peuples qui chevauchent en marbre,
le long de ma colonne impériale, qu’ils tournent
bride à leurs triomphes, et qu’il est temps de
descendre, avec leurs habits de pierre, pour
marcher devant moi ; dis à