Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/48

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discours du docteur Price, avec une lettre du duc de La Rochefoucault, une autre de l’archevêque d’Aix, et plusieurs autres documens. L’ensemble de cette production, dont le dessein manifeste était d’établir une connexion réelle entre nos affaires et celles de la France, et de nous entraîner à imiter la conduite de l’Assemblée Nationale, me causa, je l’avoue, une affliction profonde, parce que l’influence de cette conduite sur le pouvoir public, sur le crédit, sur la prospérité et la tranquillité de la France, devenant tous les jours plus frappante, chaque jour indique aussi, par la marche de la constitution que l’on établit, quelle sera la forme de son gouvernement. Nous sommes parvenus aujourd’hui au point de pouvoir discerner avec une exactitude suffisante, la véritable nature de l’objet que l’on nous propose d’imiter. S’il est des circonstances où la prudence, la réserve et une sorte de dignité, prescrivent le silence, il en est d’autres où une prudence d’un ordre supérieur justifie le parti que l’on prend de publier ses réflexions. Quant à nous, les commencemens de la confusion sont très-faibles, je vous l’assure ; mais chez vous, ne les avons-nous pas vus plus faibles encore dans leur enfance, acquérir tout à coup une force audacieuse, accumuler les montagnes sur les montagnes, et déclarer la guerre au ciel lui-même ? Quand la maison de notre voisin est en feu, on ne peut pas trouver mauvais que les pompes jouent un peu sur la nôtre. Il vaut mieux être méprisé pour des craintes trop fortes, que ruiné par une sécurité trop aveugle.