Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/484

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une timidité qui venait de la réflexion plus que de leur caractère. N’ayant point été illuminés par les lumières dont ces messieurs de France nous assurent qu’ils ont reçu une portion si abondante, ils agirent sous l’impression forte de l’ignorance et de la faillibilité humaine. Celui qui les avait créés ainsi faillibles, tes récompensa pour s’être conduits conformément à leur nature. Imitons leur prudence ; si nous souhaitons de mériter les mêmes succès, ou de conserver leur héritage. Ajoutons, si cela nous plaît ; mais conservons ce qu’ils ont laissé ; et, appuyés sur les bases solides the la constitution anglaise, contentons-nous d’admirer, plutôt que d’essayer de suivre dans leur vol désespéré, les aréonautes de la France.

Je vous ai dit naïvement mes sentimens. Je pense qu’ils ne sont pas de nature à altérer les vôtres ; je ne sais pas s’ils le pourraient. Vous êtes jeune : il faut que vous suiviez le sort de votre patrie, puisque vous ne pouvez pas le diriger ; mais, par la suite, ils pourront vous être de quelque utilité dans la forme que pourra prendre votre gouvernement. Il ne peut rester dans l’état où il est aujourd’hui ; mais, avant qu’il prenne son assiette définitive, il peut être obligé de passer, comme dit un de nos poëtes, « par une grande variété de situations inconnues ; » et, dans toutes ses métamorphoses, être purifié par le feu et par le sang[1].

  1. Terrible prophétie ! trop justifiée par vingt ans de meurtres, de massacres, d’incendies !(Note de l’Éditeur.)