Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/69

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conserver ; sans ces moyens il peut risquer même de perdre la partie de sa constitution qu’il désirait de conserver le plus religieusement. Ces deux principes de ’’conservation’’ et de ’’redressement’’, opérèrent fortement à ces deux époques critiques de la restauration et de la révolution, lorsque l’Angleterre se trouva sans roi. À ces deux époques, la nation avait perdu les soutiens de son antique édifice ; elle ne voulut pas cependant le détruire tout entier : à ces deux époques, au contraire, elle réforma seulement la partie défectueuse de cette ancienne constitution, en conservant les parties qui n’étaient pas altérées. Elle conserva ces anciennes parties exactement comme elles étaient ; et elle fit en sorte que la partie renouvelée pût s’y adapter. Elle agit par le moyen des masses organisées de notre vieille forme d’organisation, et non pas par celui des molécules organiques d’un peuple tout décomposé. Dans aucun temps, peut-être, la souveraine législature n’a montré un intérêt plus tendre pour ce principe fondamental de la constitution anglaise, qu’à cette époque de la révolution où elle dévia de la ligne directe de la succession héréditaire. La couronne fut portée un peu au-delà de la ligne qu’elle avait parcourue jusqu’alors ; mais cette nouvelle ligne partait de la même souche ; c’était une branche encore appelée à hériter ; une branche du même sang, distinguée seulement par le titre de la branche protestante. Lorsque la législature altéra la direction, mais conserva le principe, elle prouva qu’elle le regardait comme inviolable.