Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/78

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tion, est « le droit de déposer ceux qui nous gouvernent, pour mauvaise conduite. ». Peut-être que les craintes que nos ancêtres ont eues d’offrir un tel exemple, « celui de déposer pour inconduite, » a été cause que dans la déclaration de l’acte qui établit l’abdication du roi Jacques, ils ont été trop sur leurs gardes, et même trop minutieux, si l’on peut dire que ce soit là un tort[1]. Mais toutes ces précautions et toutes ces réunions de circonstances servent à faire voir l’esprit de prudence qui régnait dans les conseils de la nation ; conseils dirigés cependant par des hommes que l’oppression qu’ils venaient de surmonter avait irrités ; que leur triomphe avait exaltés, et que leur situation disposait naturellement à des partis extrêmes et violens ; elles servent à faire connaître avec quelle sollicitude ces grands hommes qui influaient sur la conduite des affaires à cette grande époque, s’efforcèrent à faire naître du sein de la révolution une paix durable, et non pas à en faire, pour l’avenir, une source de révolutions.

Il n’est pas un seul gouvernement qui pût subsister un seul instant, s’il était permis de le renverser pour une chose aussi vague et aussi indéfinie que l’idée qu’on a de l’inconduite. Ceux qui dirigeaient la révolution

  1. « Que le roi Jacques second s’étant efforcé de bouleverser la constitution du royaume en rompant le pacte primordial entre le Roi a et le peuple, et qu’ayant, par l’avis des Jésuites et d’autres personnes corrompues, violé les lois fondamentales, que s’étant retiré du royaume, il a abdiqué le gouvernement, et que par-là le trône est devenu vacant. »