Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/79

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n’ont pas fondé l’abdication virtuelle du roi Jacques sur un principe aussi léger et aussi incertain. Ils ne l’accusaient de rien moins que du projet constaté par une foule d’actes manifestes, de renverser l’église pro testante et l’État, ses lois fondamentales et ses libertés incontestables, et d’avoir rompu le pacte primordial entre le roi et le peuple. Ceci est plus qu’inconduite. Une nécessité des plus fortes et des plus supérieures à la loi les détermina à faire cette démarche ; et ils la firent avec cette sorte de répugnance qu’on éprouve quand on agit d’après la plus rigoureuse de toutes les lois. Ce n’était pas dans la perspective de nouvelles révolutions qu’ils plaçaient leur confiance pour la sûreté de la constitution. Le but politique de toutes leurs déterminations était au contraire de mettre tous les souverains futurs presque dans l’impossibilité de forcer de nouveau le royaume à la nécessité de recourir à des remèdes aussi violens. Ils ont laissé la couronne ce qu’elle a toujours été aux yeux et dans l’esprit de la loi, dessus de toute responsabilité ; mais pour rendre la couronne encore plus indépendante, ils ont réuni tout le poids de la responsabilité sur les ministres de l’État. Dans le statut du roi Guillaume, appelé acte déclaratif des droits et libertés des sujets, et pour fixer la succession de la couronne, ils ont établi que les ministres serviraient la couronne conformément aux termes de cet acte. Bientôt après, ils pourvurent aux assemblées fréquentes du parlement, par le moyen desquelles toute l’administration devait être sous l’inspection constante et sous le contrôle vigilant des re-