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fourchés. La confiance que l’on a en leur expérience n’empêche pas le vertige, non plus que de ressentir cruellement la dureté de leurs selles peu rembourrées et les saccades de leurs pas. C’est ainsi que nous arrivons à une antique porte aux énormes serrures, cloutée de fer, qui s’ouvre pour nous, dans une haute muraille de forteresse. Le « Laure » de Lavra entend protéger ses « higoumènes ». En voici quelques-uns qui viennent à nous. Ces moines grecs de Lavra sont beaucoup plus sympathiques que les moines russes du Roussikon. Celui qui nous conduit a une bonne figure avenante et barbue et il nous fait avec orgueil les honneurs de son couvent. L’ensemble des bâtiments est enclos dans une enceinte d’épais murs de défense. Séparés par des cours, ils renferment les cellules, le réfectoire, la bibliothèque. Dans une de ces cours, au pied d’un vénérable cyprès, coule, en une cuve de pierre, une eau limpide, une eau d’une pureté baptismale. Dans le réfectoire les tables et les sièges sont en pierre. L’église renferme de belles mosaïques anciennes. La bibliothèque conserve quelques manuscrits précieux, entre autres une botanique de Dioscorides, aux fleurs délicatement enluminées. Dans un coin sont jetées quelques vieilles armes ou pièces d’armures. Le moine s’empare d’une cuirasse