Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/137

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Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Loti, mais je l’admire depuis si longtemps ! Je sais bien qu’il est imprudent d’approcher l’auteur de livres admirés, mais comment résister à l’idée de connaître l’auteur d’Azyiadé, au pays même d’Azyiadé ? C’est pourquoi j’ai fait porter ma lettre au Commandant du Vautour. Pour me préparer à une entrevue que je souhaite et que j’appréhende à la fois j’ai relu quelques-unes des pages où Loti évoque si mystérieusement, si voluptueusement, l’image de la jeune Musulmane aux beaux yeux qui venait le retrouver dangereusement dans leur petite maison du quartier d’Eyoub, là-bas, au fond de la Corne d’Or, d’Eyoub dont j’ai aperçu de loin les hauts cyprès funéraires et la mosquée interdite.

C’est en effet la seule de Constantinople où l’étranger ne puisse pénétrer. Partout ailleurs, il entre librement. Nous ne sommes pas cependant sans nous rendre compte qu’on exerce sur nous une surveillance discrète. La police turque tient à éviter les incidents désagréables et pour les prévenir elle fait ce qu’il faut. C’est pourquoi, partout où nous allons, nous rencontrons souvent ces deux messieurs turcs qui semblent se trouver là par hasard et que nous avons assez vite appris à reconnaître. Ce sont deux agents chargés d’assurer notre sé-