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Abdul Hamid, commandeur des Croyants, Sultan et Padischah.




Étendu dans le caïque, j’ai devant moi le caïdji qui me fait face. C’est un vieil homme à grosses moustaches et à gros nez. D’un poing vigoureux il serre ses rames. Il les serre si fort qu’elles ont l’air d’être enflées. Le bois se boudine au-dessus de ses mains. Il semble ramer avec des fuseaux. Les courants sont violents sur le Bosphore, mais un bon caïdji les connaît, comme le gondolier connaît ceux de la Lagune.




La vedette m’a conduit à bord du Vautour. Ce n’est pas sans émotion que j’ai monté l’échelle. De la coupée, un matelot m’a conduit à l’arrière du bateau. Je suis seul dans un petit salon au plafond d’acier dont les murs sont revêtus d’étoffes orientales. Sur un piano, des fleurs. Sur une table, un singulier buvard rehaussé de gros cabochons à côté d’un poignard turc dans sa gaine. À la muraille, dans une sorte de boîte-vitrine, sont accrochées des décorations qui font pendant au moulage en plâtre d’une stèle de sépulture musulmane.