Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/174

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pierres. Un vent léger fait frissonner les herbes. Silence. Solitude.




Certes cette vie de Thérapia est fort agréable. Réceptions, promenades dans la forêt de Belgrade et à Buyeck-Déré, goûters, mais je regrette les longues courses à travers Stamboul, les ciels de couchant sur lesquels se détachent ses minarets et ses coupoles, ces ciels de sang caillé et de turquoises mortes qui se confondent dans la couleur violette du crépuscule. Aussi demain descendrons-nous le Bosphore jusqu’à Scutari, son grand cimetière, ses derviches hurleurs.




Ces litanies rauques, ce balancement stupide du buste et de la tête, ces hurlements de plus en plus frénétiques, ces hommes accroupis que l’iman excite à leur frénésie graduelle, cette salle basse où l’atmosphère est étouffante… Par le carré d’une petite fenêtre ouvrant sur un jardin je regardais une mince branche d’arbre, délicatement immobile et qui contrastait avec cette agitation fanatique, avec ces cris d’extase farouche, avec ce délire mé-