Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/193

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Le gaillard barbu parle assez bien le français. Son compagnon a un objet ancien à nous proposer. À cette offre nous sommes sceptiques. Il se fabrique beaucoup de faux sur la côte d’Asie Mineure et toutes les médailles, tous les bronzes, toutes les terres cuites que l’on y vend aux voyageurs sont loin d’être authentiques. Cependant voyons toujours.

L’homme barbu a sorti de dessous sa redingote un objet enveloppé dans un vieux journal. Tandis qu’il froisse le papier et dénoue la ficelle, il nous explique que c’est un vase antique, en or, que le pêcheur, à qui il appartient, a trouvé dans la baie. Les filets ramènent souvent des débris de poteries et des fragments de marbre, parfois même de grandes amphores incrustées d’algues et de coquillages… Pendant qu’il parle, le pêcheur le surveille d’un regard méfiant et suit des yeux chacun de ses mouvements. L’homme barbu a fini son déballage. Quelque chose de jaune luit doucement entre ses doigts, qu’il pose sur la table près de laquelle nous nous tenons et qu’éclaire une ampoule électrique.

Dans la vive lumière l’objet apparaît. C’est un petit vase à peu près à la hauteur d’une main, ou plutôt une sorte de gobelet dont les flancs harmonieusement renflés se courbent au-dessus d’un pied circulaire et se resserrent