avant de s’évaser. Sa forme est d’une élégance et d’une beauté parfaites, sans ornements et sans ciselures. D’un or clair et pur, il fait penser à un fruit ; il en a le galbe et la maturité. Il est lourd quand on le soupèse et, quand on le heurte, il tinte d’un son léger et qui se prolonge. Le pêcheur ne le quitte pas du regard. L’homme barbu attend. Une voix de femme demande : « Combien ? »
L’homme barbu a dit un prix. À celui qu’on lui propose il hausse les épaules et le marchandage commence. Nous sommes en Orient, pays des interminables marchés et des débats sans fin. À chaque offre l’homme barbu s’adresse au pêcheur. Celui-ci s’énerve et je vois les doigts de ses pieds nus se crisper d’impatience et de cupidité. L’accord ne se fait pas. Entre les deux gaillards s’entame un colloque animé. Enfin l’homme barbu déclare que le pêcheur ne cédera son vase qu’en échange de son poids en pièces de monnaie. L’affaire est conclue, il ne reste qu’à procéder à la pesée. Nous sommes remontés sur le pont après être allés dans nos cabines chercher l’or dont nous disposons. L’un de nous a emprunté au cuisinier sa balance. On la place sur la table. Dans l’un des plateaux le beau vase se tient debout comme un Dieu. Dans l’autre plateau les louis s’accumulent en piles dont