Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/217

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tingue des fondations et des emplacements, des assises de murs, des traces de canalisations, les restes de tout un ensemble de constructions qui occupaient le fond d’une vallée et le flanc d’une colline au haut de laquelle s’élève une maison blanche, demeure du savant anglais Evans qui dirige les travaux de déblaiement de ce mystérieux Palais de la Hache où rôde l’ombre fabuleuse de Pasiphaé. Vêtu et casqué de blanc, Evans ressemble un peu au peintre Whistler. Son accueil est affable et cordial. Tandis que nous causons avec lui, des ouvriers lui apportent de grandes corbeilles pleines de terre, d’une terre qui sera passée au crible afin de retenir les débris intéressants qu’elle peut contenir, fragments de poteries, miettes de métal ou tablettes de grès, couvertes des signes d’une langue encore inconnue et non déchiffrée, comme on en a recueilli un grand nombre dans cette terre qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Nous sommes revenus errer sur le terrain des fouilles, et nous nous sommes arrêtés devant l’antique siège de pierre, qu’on appelle le siège du Roi Minos. Autour de nous, dans le jour qui baisse, tout est silence. Parfois grince le fer d’une pioche heurtant quelque caillou ou quelque brique. Une chaude odeur de fièvre s’exhale des terres remuées. Allons-nous en-