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lage maigre, sur l’esplanade ensoleillée que domine la grosse citadelle jaune.

Nous avons regagné le yacht à travers les étroites rues de Bonifacio, le long des maisons assombries. Avant de revenir à bord, nous avons fait une promenade dans la baie en longeant la haute muraille de rochers. L’eau était d’un calme profond, d’un bleu presque noir. Le canot y laissait un long sillage. Parfois nous aurions presque pu toucher les parois rocheuses. Il s’en exhalait une singulière odeur d’herbes marines, un étrange parfum salin.




Chacun sur le yacht commence à prendre ses habitudes et je sens les miennes se former rapidement. Déjà je connais bien ma cabine. Au salon, je sais le siège où je me plairai le mieux ; sur le pont, à l’arrière où ils sont rassemblés à l’ombre de la tente, je sais aussi le fauteuil où je m’étendrai le plus volontiers pour jouir du délicieux plaisir de ne rien faire, car je suis bien décidé à ne pas ouvrir un livre, à ne pas prendre une note, à me garder libre de tout soin autre que celui de voir, d’écouter, de respirer, d’accueillir toutes les rêveries que suggèrent à l’esprit la lumière,