Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/55

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Parfois un sourd grondement nous fait lever les yeux. Le Vésuve nous rappelle qu’il est le maître capricieux de cette terre heureuse et l’arbitre de ses destinées. Il peut la faire frémir en ses profondeurs ou la consumer sous une pluie de feu, mais aujourd’hui il est sans colère, le vieux volcan ! À peine un peu de fumée s’échappe de son cratère et son sourd grondement est comme paterne. Nous ne pouvons nous empêcher de le considérer avec amitié et reconnaissance. N’est-ce pas lui qui, sous ses cendres, nous a conservé cette Pompéi que nous venons de parcourir et qui est le point du monde où l’on retrouve le mieux ce que fut le décor familier et public de la vie antique ? Il est là, sinon intact, du moins aisé à reconstituer. Il n’y faut ni grand effort d’imagination, ni grand usage d’érudition. La petite cité campanienne renait facilement à nos yeux.

Sa porte franchie, elle se propose à nous. Nous pouvons la parcourir tout entière. Déserte, elle est vivante. Nous pouvons suivre ses rues où, dans la dalle, se creuse encore l’ornière tracée par les roues. Nous pouvons hésiter à ses carrefours, nous arrêter dans son forum, visiter ses thermes, pénétrer dans ses temples, rêver devant ses tombeaux, boire à ses fontaines. De l’une d’elles, de la bouche