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matelots nous ont aidés gaiement à regagner le canot.




La nuit est si belle, si doucement tiède, que je n’ai pu me résoudre à m’enfermer dans ma cabine. Le yacht file sur une mer immobile. Le bruit sourd des machines est merveilleusement égal et régulier. Peu à peu, tout le monde est descendu se coucher. Est-ce à cause de l’hommage que nous sommes allés lui rendre, Neptune nous est, ce soir, particulièrement favorable ? Puisse Vulcain nous favoriser également, car nous passerons, cette nuit, devant l’île Stromboli qui est un des autels de ce dieu volcanique et souterrain ! Du moelleux fauteuil où je suis étendu à l’arrière je regarde le ciel étoilé en laissant passer les heures en une paresseuse rêverie. Plus que partout, en mer, le temps est une convention. Il semble que nous ne participons pas à sa fuite. On vit en dehors de lui. Cependant j’ai regardé ma montre. Au cadran j’ai vu que nous devions approcher du Stromboli et je suis monté sur la passerelle.

J’ai devant moi toute la mer et toute la nuit, une mer suavement ténébreuse, une nuit lointainement transparente. Assis derrière lui je regarde la silhouette du timonnier debout sur