Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/93

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l’émeuvent et la surexcitent. Une fois à Pyrgos nous serons bientôt à Olympie. Nous y voici. Nous avons traversé un mince ruisseau ; il coule irrégulier dans un lit desséché de sable jaunâtre, de vase durcie, un lit trop large pour son maigre filet d’eau. Des chèvres y rôdent que garde un chevrier. Elles happent de leurs longues lèvres de vagues broussailles. Parfois dans le silence un bêlement chevrotte. Cette pauvre rivière est l’Alphée, l’Alphée de la légende d’Aréthuse, mais aucune nymphe ne s’y baigne et le soleil est brûlant. Sous ses durs rayons, nous atteignons l’enceinte où s’élevaient les temples qui faisaient la gloire de ce sanctuaire vénéré.

Au pied d’une colline leurs ruines couvrent un vaste terrain. Elles le couvrent de murs écroulés, de bases et de débris de colonnes, d’espaces dallés qui permettent de reconnaître l’emplacement des édifices détruits. Cette dévastation n’est lisible que pour les archéologues. Le temps, qui a respecté en partie les temples de Pestum et d’Agrigente, n’a pas épargné ceux d’Olympie. Ce qui en subsiste, il a fallu l’arracher aux alluvions de l’Alphée. Parsemé de blocs de marbre, ce terrain sacré a un aspect mélancolique, malgré l’ardente lumière qui fait crisser dans l’herbe sèche d’innombrables et stridentes cigales, vrombir des