Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/95

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mouvement magnifique et les plis souverains de sa tunique nient la défaite qu’elle semble avoir subie. Que lui importent ses membres dispersés et sa stature mutilée, son âme dominatrice respire en toute sa matière invincible. Elle est et elle sera toujours une vivante. La déesse survit en elle, comme en ses sœurs de Samothrace et de Brescia ; l’une qui, sur le grand bouclier de bronze, qu’elle appuie si noblement à sa hanche, semble inscrire les noms des héros qui ont versé leur sang pour sa gloire ; l’autre qui, debout sur la proue de sa galère de pierre, la hâte de tout son élan et de toute l’impatience de son vol frémissant.




En quittant Katakolo et avant d’entrer dans le golfe de Patras, nous avons contourné l’île de Zante et fait une brève escale à son petit port. Hors de la ville, par un sentier que bordent des champs de maïs aux hautes tiges feuillues, nous sommes allés jusqu’à une vieille petite église qui dresse là ses murs de pierre, percés au ras du toit d’étroites fenêtres. La porte poussée, nous sommes dans une longue nef sombre au fond de laquelle luisent vaguement les dorures de l’iconostase.