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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/102

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l’abbaye d’évolayne

sance, ses conseils sont écoutés avec déférence. Par la chair il a tout pouvoir sur l’âme qu’il peut consoler, éclairer. Son rôle s’apparente étroitement à celui du prêtre.

— C’est ce que le père me disait en effet, approuva Michel à demi convaincu et vous êtes une charmante prêcheuse, Adé. J’essayerai de remplir dignement ma tâche de médecin chrétien.

Cependant les événements servirent son désir secret. Il apprit le lendemain qu’une grande cérémonie se préparait à Évolayne où quatre jeunes moines devaient, au début d’octobre, recevoir la prêtrise. Adélaïde consentit volontiers à ajourner son départ, car elle souhaitait, une fois dans sa vie, voir une ordination.

Dans les églises cathédrales des grandes villes, la foule immense qu’attire toujours une telle cérémonie nuit à sa majesté. À Évolayne, elle revêtit un caractère exceptionnel de pompe et de recueillement, car si les moines, au nombre de soixante-dix, constituaient un clergé imposant, l’assistance profane était peu nombreuse. À l’approche de la mauvaise saison, les pèlerins qui affluent tout l’été au sanctuaire de saint Benoît se faisaient rares ; les habitants des villages, quoique pieux, s’intéressaient peu aux rites sévères du sacerdoce. Seules, les familles qui donnaient ce jour-là leurs enfants au Seigneur étaient venues de loin pour participer à leur sacrifice.

L’évêque de Namur officiait. Un peu avant l’Évangile, il interrompit la messe. Les ordinands, portant sur le bras gauche la chasuble repliée, s’agenouillèrent autour de lui. Adélaïde suivit