Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
l’abbaye d’évolayne

sur son livre le court dialogue qui s’engagea entre l’archidiacre et le pontife :

— Révérendissime Père, notre mère la Sainte Église catholique vous demande de conférer à ces diacres la charge du sacerdoce.

— Savez-vous s’ils en sont dignes ?

— Autant que la faiblesse humaine permet de le connaître, je sais et je certifie qu’ils en sont dignes.

L’évêque rendit grâce à Dieu. À voix haute, il adjura le clergé et le peuple de l’éclairer pour qu’il ne confiât pas à des âmes débiles une mission divine, puis, s’adressant aux futurs prêtres, il leur rappela les obligations inhérentes à leur ministère et la responsabilité qu’ils allaient assumer pour toujours. Sur le point de leur conférer une dignité redoutable, il les mettait en garde contre toutes les défaillances de la chair et du cœur. Cet instant leur restait pour délibérer en eux-mêmes avant de monter à l’autel et d’y renouveler le mystère de la mort du Christ. La célébration de ce sacrement exigeait le sacrifice de toutes les concupiscences, de tous les attachements terrestres et le pontife, paternel et sévère, arrêtait ses enfants au bord de l’immolation, les avertissait une dernière fois.

Prenez bien conscience de la démarche que vous faites afin que jamais Dieu n’ait à se venger ni de nous pour vous avoir élevés si haut, ni de vous pour n’avoir pas su vous maintenir sur ces cimes.

Minute solennelle où les jeunes diacres se tenaient, libres encore, en face d’un destin sublime et sévère. Et le plus ferme d’entre eux devait trembler