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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/127

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VIII

Si prudent que fût le père Athanase, il ne pouvait plus éconduire les deux pénitents fidèles qui, après un an, revenaient lui exprimer un désir que le temps n’avait pu changer. Le problème de cette double et exceptionnelle vocation devait être maintenant, sinon résolu, du moins examiné et le moine s’y employa, non sans crainte, mais avec toute l’application, la circonspection, l’impartialité que réclamaient les circonstances.

En ce qui concernait Michel, sa conviction fut vite faite. Adélaïde l’inquiéta davantage. Pourtant il la trouvait transformée, plus pondérée qu’autrefois, plus calme. Il ne découvrit en elle aucune trace de cette exaltation qui égare si souvent les âmes féminines. Elle parlait peu, mais nettement et simplement. Elle déclarait que le bonheur du monde ne lui suffisait plus et pourtant s’avouait terrifiée par le sacrifice qui lui était demandé. Cette peur plut au moine qu’eussent effrayé trop d’ardeur et de certitude.

D’ailleurs il se rappelait encore les révoltes de la nouvelle convertie, lorsqu’elle avait craint de voir son mari l’abandonner pour entrer au cloître. D’où venait que, la première, elle s’était déclarée prête à l’y suivre ? Comment au lieu de le retenir l’avait-