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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/129

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l’abbaye d’évolayne

ci envoya alors sa pénitente faire une retraite à l’abbaye d’Helmancourt, car l’ordre bénédictin plaisait seul à cette intellectuelle comme à Michel. Adélaïde y fut accueillie avec une sorte de tendresse par une religieuse encore jeune, frêle, petite et pourtant imposante, dont les yeux profonds rayonnaient de bonté. La mère Hermengarde, abbesse du monastère, avait un cœur chaleureux, accessible aux sympathies humaines. Elle aima tout de suite cette convertie dont l’histoire l’avait émue. Elle sut obtenir sa confiance, lui fit raconter sa vie et s’émerveilla devant l’âme qui s’ouvrit à elle. Il lui parut évident qu’une femme, autrefois si heureuse, ne pouvait renoncer à toutes les douceurs de l’amour partagé et permis, sans une grâce toute spéciale de Dieu.

Quand le cas eut été longuement étudié dans les deux abbayes, le père Athanase fut chargé de transmettre à ses amis un avis à la fois favorable et prudent.

— Votre vocation, leur dit-il, semble sincère, mais il sied qu’elle s’affermisse encore avant de présenter votre requête en haut lieu. Vous avez supporté pendant un an l’épreuve de la vie commune sans que votre résolution changeât. Nous pensons qu’il serait bon maintenant de vous imposer une première séparation transitoire dans le monde. Michel pourrait reprendre à Paris ses occupations et vous, madame, vous installer dans une autre ville, choisie par vous. Si cette absence ne vous semble point intolérable, si, dans un an, vos projets sont encore les mêmes, il conviendra de les soumettre à votre évêque et de demander à Rome les autorisations nécessaires à votre entrée simul-