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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/271

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l’abbaye d’évolayne

vers la porte qu’Adélaïde, se dressant, battant l’air de ses bras, l’appela avec des cris.

— Michel, non pas encore, ne m’oublie pas si vite. Oh ! ne peux-tu rester quelques heures avec moi, ma mort tarde-t-elle trop ?

D’un bond, il fut près d’elle. Ses yeux étaient comme une mer démontée où l’on voyait courir, flots sur flots, des vagues d’épouvante. Elle se calma un peu dès qu’il lui parla et elle lui touchait le visage avec les gestes tâtonnants de l’aveugle.

— Je ne vois plus, gémit-elle. Tout est noir pour moi, mais c’est toi, je te reconnais. Oh ! même si je n’étais qu’une larve inerte enfouie sous la terre ou une pierre, il me semble que je reconnaîtrais encore ton approche. Embrasse-moi. Mets ton bras autour de ma taille, ainsi, ainsi. Dis-moi que je suis ton amour, endors-moi !

Il lui obéissait, la serrant contre lui. Mais il sentait entre eux le sourd travail de la mort qui les désunissait.