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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/30

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l’abbaye d’évolayne

Une seule lampe éclairait faiblement, au milieu du chœur, le pupitre du lecteur, qui lut quelques prières, puis, tous ensemble, les moines commencèrent le Confiteor. Debout, alignés sur deux rangs, ils s’inclinaient, se frappaient la poitrine avec des mouvements précis qui s’accordaient exactement. Ils s’assirent dans les stalles pour la récitation des psaumes.

Élevée dans un couvent, Adélaïde les avait lus maintes fois. Ce murmure qui scandait les versets d’une langue morte ne lui semblait pas monotone. Elle en savait le sens. Des phrases oubliées lui revenaient à la mémoire :

« Repassez avec componction dans le repos de votre couche les pensées de votre cœur… — Plusieurs disent : qui nous donnera le bonheur… — Que les songes et les fantômes de la nuit s’enfuient loin de nous, comprimez notre ennemi, qu’il ne pollue pas nos corps… »

Phrases autrefois répétées distraitement et qui reprenaient dans ce cadre, à cette heure, leur sens, leur force, leur émouvante gravité.

En semaine, l’office était psalmodié. Le Salve Regina, seul, fut chanté. Au Seigneur pouvait suffire la parole pure, la louange sévère et dépouillée, mais pour la Vierge, pour la Mère, il fallait des accents plus suaves, une prière ailée, portée par la musique. Les moines se levèrent d’un même élan, avec le bruit d’une foule, car leur nombre était grand. Leurs voix, soutenues légèrement par l’accompagnement discret de l’orgue, montèrent sous les voûtes en un chœur égal qui semblait le cri d’une seule âme. Dans l’allégresse ils saluaient