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l’abbaye d’évolayne

grées. De telles momeries à notre époque ne sont guère admissibles.

— Pas mystique pour deux sous, ce bon Maurice, déclara Michel en repliant la lettre.

Il n’avait mis dans cette remarque nulle malveillance. Mais Adélaïde s’en offensa et, bien qu’elle se sût fort différente de son frère, elle s’identifia brusquement à lui, feignit de se croire visée par la réflexion de son mari.

— Nous avons du moins, tous deux, à défaut de vos envolées, un solide bon sens, dit-elle sèchement.

Et sans réfléchir, dans le seul but de déplaire à Michel, elle ajouta :

— J’ai envie d’aller achever mes vacances à Deauville.

Il prit un air incertain et demanda :

— Est-il vrai que ces psaumes, ce latin, ces momeries, comme dit Maurice, vous ennuient ? Je conviens que l’atmosphère d’Évolayne est un peu sévère pour une femme…

— Surtout pour une poupée telle que moi, acheva-t-elle amèrement.

Sans paraître remarquer l’interruption, il continua :

— Et je trouve très naturel que vous ayez besoin d’une détente, de quelques distractions. Si vous le voulez nous pourrons en effet, dans quelque temps, rejoindre Maurice.

— Nous ? dit-elle, feignant une vive surprise. Vous m’accompagneriez ?

— Quelle question ! ma place est auprès de vous.

— Croyez-vous nécessaire de veiller sans cesse