Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me semblait que ma voix ne parviendrait jamais jusqu’à leurs oreilles. J’avais la gorge serrée. La tête me tournait. J’aurais voulu m’enfoncer subitement dans le sol, que les plafonds s’effondrassent, que le feu prît à la villa, que quelque événement inattendu me délivrât d’une tâche au-dessus de mes forces. Puis, il se fit en moi un calme subit, comme si quelqu’un se fût substitué à moi et, lentement, posément, je déroulai mon papier, et l’exorde de ma harangue s’échappa de mes lèvres. Je la croyais voir tout entière écrite dans l’air et elle empruntait ma voix sans que je fisse aucun effort et sans que j’y eusse aucune part, si bien que, me sentant comme inutile, je me mis à observer ce qui se passait autour de moi.

C’est alors que mon attention fut attirée par un gros homme assis dans un fauteuil, tout à côté de l’estrade. Il était assez salement, mais richement vêtu. Sa large figure étalait sa ron-