Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/149

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palais. Devant moi le vaste hémicycle de la salle étageait ses gradins. Mon entrée fit taire les chuchotements. Un grand silence s’établit, dans lequel j’entendis soudain retentir le son de ma voix.

Elle me surprit par sa faiblesse, car elle n’avait plus, pour la soutenir, la sonorité de la Rotonda. Pour obvier à cet inconvénient, je lui donnai toute l’ampleur dont elle était capable. Il s’agissait, d’ailleurs, de gourmander deux sénateurs qui venaient de parler de moi, et mon ton devait être celui de la colère. Je m’y efforçais de mon mieux et je veillais à ce que mes attitudes et l’expression de mon visage s’accordassent avec les paroles que j’avais à prononcer, mais ma gorge était serrée et mon cœur battait violemment. Tout en parlant, je fis un pas en avant, puis un autre, si bien que je me trouvai presque au bord de la scène. Alors, avec un geste noble et violent, je tendis le bras vers le public en articulant