Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/155

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voyant, mon premier mouvement fut de mettre mes mains devant mes yeux, car le seigneur Alvenigo était effrayant à voir. Toute la colère de l’auteur sifflé apparaissait sur sa figure. Les yeux hors de la tête, les habits en désordre, il écumait littéralement de rage. Il m’avait saisi à la gorge et me secouait avec fureur. Tout d’abord ce ne fut qu’un torrent d’injures qui sortirent de sa bouche hurlante, puis, peu à peu, j’y distinguai ces paroles :

— Ah, te voilà, misérable idiot, César imbécile, fils de savetier ! Non, mais regardez-moi cette face de sot ! Et dire que j’ai eu devant moi, pendant des mois, cette tête à gifles sans m’apercevoir de sa stupidité ! À quelle folie ai-je donc été en proie ? À quoi ai-je pensé à vouloir nourrir ce malencontreux bouffon, fait pour les nasardes, de la belle et sainte nourriture tragique ? Pourquoi m’étonner qu’il l’ait rendue en hoquets et en vomissements ? Comment ai-je pu supposer, une