Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/49

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actions dont je rêvais si souvent et que j’eusse accomplies, vêtu d’habits somptueux, car une pareille ville ne devait point contenir de gens du commun. Aucune boutique ne s’y montrait, en effet, auprès des palais qui la composaient et rien ne disait qu’on y exerçât les humbles métiers et les pauvres commerces actuels. Que le marteau d’un cordonnier y eût donc fait un bruit déplacé ! Un silence complet rendait encore plus majestueux ce décor devant lequel je demeurais fasciné d’admiration.

Je fusse resté là, bouche bée et bras ballants, tout le reste de ma vie, si un bruit soudain ne m’eût tiré de ma rêverie. Un pas pesant me fit tourner la tête, en même temps qu’un affreux jurement, et le père de Girolamo apparut en haut de l’escalier, un gourdin à la main. Girolamo n’eut pas le temps d’éviter le danger : la main paternelle l’avait saisi par l’oreille et le gourdin tournoyait pour la correction mé-